C'est ce qui ressort d'une étude intitulée « Mieux connaître les réalités de l'innovation participative sur le terrain » et réalisée par le cabinet de conseil Inergie et l'association Innov'Acteurs.
Menée auprès de 1226 collaborateurs (63% d'ingénieurs/cadres, 16% d'employés/ouvriers) issus de 11 entreprises ayant engagé une démarche d'innovation participative depuis plus de cinq ans, cette enquête permet déjà de constater la différence de perception selon que l'innovation est affichée comme une priorité par l'entreprise ou non.
Si pour 73% des interrogés l'innovation participative est perçue comme efficace pour l'entreprise et pour 66% motivante pour les collaborateurs, ces résultats grimpent ainsi respectivement à 84% et 78% lorsque l'innovation est affichée comme une priorité par l'entreprise, et chutent à 49% et 42% dans le cas inverse.
Qu'a changé pour les collaborateurs l'innovation participative ? Logiquement, ils se sentent davantage encouragés à proposer des idées (51%) et ont envie d'inventer et de chercher de nouvelles idées (42%). En revanche seuls 22% se sentent davantage écoutés, 19% ont le sentiment de progresser et 16% estiment que l'innovation participative rend l'entreprise plus humaine. Dans ce dernier registre, 9% seulement se sentent davantage respectés et considérés, et 8% estiment que les relations sont davantage sincères et authentiques.
A noter également que seuls 36% considèrent que l'innovation participative permet aux collaborateurs de travailler davantage ensemble. Un résultat sans doute à mettre en relation avec les types de dispositifs en place, puisque les idées sont recueillies à 58% par une boîte à idée électronique, 44% par un correspondant innovation, 37% par un manager de proximité, et seulement à 26% par une plate-forme collaborative.
Point positif, la reconnaissance des contributeurs a progressé depuis la précédente étude, menée en 2007. 76% des interrogés indiquent par exemple que les auteurs des idées mises en œuvres sont récompensés (chèque cadeau, voyage, prime financière), soit une progression de 24%. Ou pour 67% que les auteurs des idées sont reconnus (repas, presse interne, reconnaissance honorifique, etc.), soit une progression de 20%. En revanche, seuls 44% indiquent que leur contribution est reconnue dans le cadre de l'entretien d'évaluation annuel.
Signalons au passage qu'une autre étude, réalisée par le cabinet BearingPoint et l'agence Harris Interactive dans le cadre de leur Observatoire du management de l'innovation, rappelle l'importance de la reconnaissance comme moteur de partage des idées, ce qui ne signifie pas forcément leur rémunération. 53% des interrogés déclarent ainsi que la valorisation-reconnaissance de leurs idées les inciterait à davantage les partager, une rémunération en cas d'exploitation de ces idées ne constituant une motivation que pour 29%.
Quant au suivi des idées, il reste « le talon d'Achille de l'innovation participative », indiquent les auteurs de l'étude Inergie-Innov'Acteurs, puisqu'ils ne sont que 50% des interrogés à déclarer être informés de l'avancement de la mise en œuvre des idées retenues.
Autre point problématique : l'implication des managers. L'innovation participative n'est ainsi perçue comme stimulante pour eux que par 59% des répondants. Un pourcentage qui monte à 70% lorsque l'innovation est affichée comme une priorité par l'entreprise, mais descend à 32% dans le cas inverse. De manière générale, si les managers encouragent et soutiennent la démarche, ils en sont eux-mêmes peu les acteurs, et a fortiori ne l'intègrent pas comme un mode de management (voir infographie ci-dessous).
Enfin, en termes de bénéfices perçus, les démarches d'innovation participative des 11 entreprises concernées par l'enquête permettent de faire progresser la satisfaction client (38%), mais elles contribuent avant tout à l’amélioration des conditions de travail (41%), de la sécurité au travail (34%) et de la qualité (33%).
Des thèmes qui laissent penser que les collaborateurs sont surtout appelés à contribuer sur des problématiques de fonctionnement interne, ce qui expliquerait sans doute que seuls 34% des interrogés indiquent que la R&D et le marketing s'impliquent dans les démarches d'innovation participative, un chiffre peu élevé et même en baisse de 8% par rapport à 2007.
Cela dit, lorsqu'on demande aux collaborateurs les thèmes prioritaires sur lesquels ils aimeraient pouvoir proposer des idées, c'est l'amélioration des pratiques managériales qui arrive en tête (42%), suivi du bien-être (33%), de la communication (33%) et des relations internes (32%).
Des résultats qui révèlent « une préoccupation de l’humain et des relations internes qui rejoint les enjeux croissants d’humanisation et de sens donné au travail dans les organisations », estiment les auteurs de l'étude.
Pour télécharger l'étude : Mieux connaître les réalités de l'innovation participative sur le terrain