La marétique aura son cluster, au croisement des TIC et du monde maritime

Passer de la terre à la mer, c’est comme franchir une frontière. Celle-ci provoque une rupture de milieu. Les technologies du numérique désormais omniprésentes sur terre n’y ont plus cours. En dehors des moyens radio classiques, on est seul au monde dans l’immensité de l’océan. Plus pour longtemps, la « marétique » arrive !

A l’instar de la domotique dont l’objet est d’allier les technologies de la maison avec celles de l’informatique, ce néologisme entend représenter une nouvelle discipline au croisement des activités maritimes et des technologies de l’information. « La marétique veut briser cette frontière pour établir une continuité numérique entre la terre et la mer. C’est, grâce aux TIC, pouvoir gérer les activités en mer comme on le ferait sur terre, avec autant de facilité », explique Brahim Bennacer, manager de projet innovation et TIC à la CCI du Havre en Normandie.

Faire collaborer les TIC et les activités maritimes

Mais ce n’est pas si simple aujourd’hui. Sur terre on peut tirer des câbles, des infrastructures réseaux, poser des caméras de surveillance, des sondes à des endroits très particuliers, etc. « Sur mer on ne peut pas. Il faut donc imaginer de nouveaux systèmes qui répondent aux contraintes de ce milieu. Et pour y parvenir, nous allons créer un cluster pour promouvoir des projets collaboratifs entre les professionnels, les chercheurs et les scientifiques du monde maritime et ceux du numérique », annonce Brahim Bennacer.

C’est l’objet de l’association AM@RRER, dont l’assemblée constitutive va se tenir à Deauville le 8 septembre. Elle regroupe des professionnels dont l’activité est en lien direct ou indirect avec le maritime, des fournisseurs de solutions TIC, des laboratoires de recherche, des pôles de compétitivité, des établissements d'enseignement supérieur, des centres de ressources technologiques, des associations, des collectivités. La présence d’acteurs importants comme l’Association internationale villes et ports, le Cluster maritime français et EADS préfigure l’ambition du cluster AM@RRER de devenir un pôle d’excellence européen et, à terme, de rayonner à l’échelle mondiale.

Développer un nouveau champ d’activité économique

« Ce projet s’inscrit totalement dans les thèmes définis par le Grenelle de la mer », affirme Brahim Bennacer. Il traitera donc de l’aménagement côtier et l’interface terre-mer, l’exploitation des ressources maritimes dans la perspective du développement durable, le navire du futur, l’énergie avec les éoliennes offshore, l’hydroénergie et les carburants issus des ressources halieutiques, la sécurité maritime, les « autoroutes de la mer » et la chaine logistique multimodale. « L’enjeu est non seulement d’ouvrir la voie à une nouvelle branche de connaissances par la recherche, mais derrière, de développer un champs d’activité économique en soutenant les PME innovantes, et donc créer de la valeur », ajoute-t-il.

Premier objectif, organiser les rencontres internationales de la marétique : le Seagital. Cet événement se tiendra la première fois en juin 2011 et aura pour thème majeur d’identifier les centres de ressources au niveau national et européen, ainsi que de définir les moyens de leur collaboration pour soutenir le cluster AM@RRER. D’ores et déjà est prévu la production d’un livre blanc sur le numérique et les activités maritimes et la mise en œuvre d’une plate-forme collaborative dédiée aux échanges et à la promotion des savoirs et savoir-faire dans le domaine de la marétique. « Nous allons amarrer la mer à la terre », conclut avec un sourire Brahim Bennacer, comme pour souligner l’immensité des défis à relever.

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