Après une étude publiée mi-avril par l'Université Pierre et Marie Curie (UPMC), c'est au tour du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) de rendre publique une enquête, réalisée avec Ipsos, sur le rapport des Français à l'information santé sur internet, mais sous l'angle cette fois de ses conséquences sur la relation médecins-patients.
Premier grand enseignement, 90 % des Français considèrent que la source la plus digne de confiance en termes d'information santé reste les médecins (généraliste, spécialiste ou hospitalier), contre 17 % pour internet. Des chiffres sensiblement équivalents à ceux de l'étude de l'UPMC, respectivement 91,3% et 14 %.
Deuxième grand enseignement, 71% des Français interrogés déclarent avoir déjà consulté internet pour y chercher des informations santé (80 % pour l'UPMC). Un chiffre qui confirme donc qu'il s'agit d'une pratique très répandue, que l'Ordre des médecins entend prendre en compte à travers trois pistes de propositions.
Si internet est dans l'absolu jugé comme beaucoup moins digne de confiance, l'enquête révèle qu'il est malgré tout considéré pour 60 % des Français consultant des sites d'information médicale comme « plutôt fiable », et pour 14 % « tout à fait fiable », alors même qu'ils ne sont que 28 % à déclarer savoir si ces sites respectent la charte HON de la fondation La Santé sur internet, et 12% à ne consulter que des sites certifiés.
Face à cette situation, le Cnom estime donc nécessaire que les médecins jouent un rôle de conseil. Pour le Docteur Jacques Lucas, vice-président de l'Ordre, « le professionnel de santé doit donner des repères aux patients dans leur recherche en information santé, en les aidant à développer leur sens critique sur la qualité de l’information mise en ligne » et le Cnom doit adopter « une attitude accompagnatrice, pédagogique et anticipatrice ».
Prenant en compte que 37% des Français consultent internet pour y trouver le témoignage d'autres patients, ce qui souligne le rôle d'accompagnement et de soutien psychologique que peut jouer le web, le Cnom estime que ce dernier « offre des clés aux patients pour leur permettre de mieux dialoguer avec leurs médecins, et de construire ainsi une relation constructive ». Le Docteur Lucas souhaite de ce point de vue que « les facultés de médecine intègrent une formation sur les technologies de l’information et de la communication, dont internet, dans le cursus universitaire », afin que les professionnels de santé puissent appréhender l’usage d’internet au sein de leur relation avec leurs patients.
Enfin, l'enquête révèle que 62% des Français seraient prêts à consulter le blog ou le site internet des médecins qu'ils consultent s'ils en avaient un. Un chiffre qui montre que les médecins ont leur place sur internet, et qui devrait les inciter à plus s'y investir. Cela permettrait, selon le Cnom, « de prolonger le contenu de la consultation sur le Net tout en préservant la loyauté et la fiabilité de l’information envers les patients ». Dans cette perspective, le Docteur Lucas souhaite que l'Ordre apporte une labellisation engageant les médecins « à travers la signature d’une charte, à respecter la déontologie médicale » sur leur blogs ou sites personnels.
Sondage 2010 : Les conséquences des usages d’internet sur les relations patients-médecins