C'est le collaboratif qui profitera le plus de CMIS

CMIS (Content Management Interoperability Services)  n’a pas encore sa page sur Wikipedia en français, mais défraie déjà la chronique. De quoi s’agit-il ? C'est un standard qui rend les différents outils de l’ECM (Enterprise Content Management) davantage interopérables qu’ils ne le sont aujourd’hui. En définissant, par exemple, comment sauver un document, comment récupérer les données associées ou, encore, la manière dont est gérée la sécurité. Ce standard vient tout juste d’être validé début mai par le consortium Oasis, sorte d'Afnor pour les logiciels.

C’est donc une très bonne nouvelle, a priori, pour le secteur et pour les clients qui voient là un moyen supplémentaire de ne pas être dépendants d’un éditeur. CMIS pourrait se comparer à SQL pour les bases de données.

A noter un élément intéressant : il emprunte pour ses couches basses de nombreuses technologies issues du web : Rest et Atom, par exemple. Ce n’est pas un hasard, le web étant aujourd’hui un formidable booster de nouvelles technologies, qui deviennent des normes de fait.

Des soutiens de poids

Et quand on regarde qui est derrière la norme, on retrouve tous les ténors du marché : Liferay, Alfresco, Day Software, EMC, FatWire, IBM, Microsoft, Open Text, Oracle et SAP. Excusez du peu ! Au départ, CMIS était plutôt poussé par les acteurs de l’Open Source. C’était un moyen de garantir à leurs clients une pérennité et une réversibilité des données de manière forte.

Le Français Nuxeo ou l’Américain Alfresco étaient parmi les plus en pointe. Ils sont désormais rejoints par les éditeurs traditionnels et les mastodontes, Microsoft avec Sharepoint étant à la fois le plus important et le dernier à accepter CMIS. La messe est dite. Réjouissons-nous, l’ECM a élu son standard ! Notons au passage qu’il a fallu toute la persévérance des éditeurs du libre pour imposer CMIS, mais ne boudons pas notre plaisir…

Des effets qui se feront sentir dans 2 à 3 ans

Et pourtant, le chemin est encore long d'ici à ce que CMIS devienne un standard à la SQL. D’une part, nous n'en sommes qu’à la volonté d’implémentation de la part des acteurs. Il faudra donc attendre leurs prochaines mises à jour pour disposer d'un composant CMIS natif.  

Quid, alors, des anciennes versions de ces logiciels ? Car rares sont les clients qui implémentent les versions en cours. Certains grands comptes continuent à déployer du Sharepoint 2003 ! Les effets de CMIS ne se feront donc pas sentir avant deux ou trois ans au minimum sur les nouveaux projets.

D'autre part, si l'on se réfère à l’histoire de SQL, il faut se rappeler combien les pilotes non natifs ont longtemps été au mieux lents, au pire bogués. Chacun préférant continuer à construire une base captive de développeurs sur des technologies propriétaires. Aussi, il faut s’attendre à un double cycle logiciel avant que CMIS devienne mature. Patience, Patience...

Il n’empêche, CMIS est d’ores et déjà une bonne nouvelle. Car, pour les applications qui ont besoin de s’appuyer sur une GED – portails, réseaux sociaux, bureautique, et plus globalement tout le collaboratif –, il constitue un point d’appui à long terme. Plutôt que chaque éditeur invente des plug-ins, des API, des imports/exports vers les systèmes documentaires, les logiciels vont pouvoir proposer une logique de gestion de documents qui s'avère pérenne pour les clients.

La question du référentiel documentaire est réglée

On va moins se poser la question de la compatibilité d'un logiciel tiers avec Sharepoint, Alfresco, Nuxeo ou Filenet qu'avec CMIS. Or, maintenir une norme s'avère moins couteux que de nombreux connecteurs. Ainsi, la GED va se populariser dans les outils qui ne voyaient pas aujourd’hui comment absorber la diversité des modèles du documentaire. C’est sans doute le collaboratif qui va bénéficier le plus de cette ouverture, en réglant de manière globale la question du référentiel documentaire.

A n’en pas douter, CMIS marque un tournant dans l’ECM et plus généralement pour l’information non structurée. La convergence des éditeurs marque la maturité d’un monde qui représente une part de plus en plus importante des données. Le non structuré s’est doté d’un début de structure.

Alain Garnier, PDG de l'éditeur de réseaux sociaux  Jamespot Pro, et auteur du livre « L’information non structurée dans l’entreprise ».

 

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