Alain Garnier, CEO et cofondateur de Jamespot, éditeur d'un réseau social d'entreprise. |
Dans le secteur du collaboratif, deux cas de reprises de sociétés sont venus démentir un préjugé largement répandu : il est risqué de confier ses données à un acteur de petite taille, car celui-ci peut disparaître à tout moment. C’est vrai… et pourtant c’est faux.
Il est vrai – statistiquement – qu’un acteur de petite taille présente plus de risques de défaillance qu’un acteur important. Mais cette évidence s’arrête au domaine financier. Qu’en est-il des clients « laissés pour compte » de ces sociétés qui défaillent ? Et de leurs données ?
Deux cas récents de reprise, ceux de Nearbee par Xwiki et Human Connect par Jamespot (dont je suis le CEO), ont démontré l’existence d’une solution de continuité proposée aux clients par l’éditeur repreneur avec migration des données et poursuite de l’activité.
Pour les cas précités, ce n’est pas un hasard. C’est le fruit de la proximité des acteurs. Et dans un écosystème B2B, c’est aussi la volonté de ne pas laisser tomber un client.
Alors, si on regarde ces deux histoires, pourtant différentes puisque Xwiki est Open Source, Jamespot 100% SaaS, c’est le même enjeu qui a conduit à réussir cette transition : celui de la réussite client.
En aurait-il été de même avec un acteur, par exemple, américain ? Que ce soit dans l’hypothèse d’une faillite de type « Chapter Eleven » ou d’un rachat par un acteur prédateur, j’en doute.
A cette échelle, le « petit » client français n’a généralement pas voix au chapitre. Il n'est pas consulté pour la roadmap produit alors, en période de difficultés ou de reprise, il est abandonné à son sort. Ainsi, je croise régulièrement des entreprises qui se voient obligées de trouver un plan B avec migration des données au débotté (via un export au format CSV le plus souvent… c’est tout ce qui reste) pour continuer l’activité.
La même question se pose d’ailleurs de manière générale pour la réversibilité des données. Il y a là encore une idée reçue. De par la proximité avec les donneurs d’ordre, les éditeurs de l’écosystème local sont souvent obligés de montrer patte blanche et de fournir des solutions de réversibilité solides et complètes.
Ces clients ont-ils la même exigence vis-à-vis d'un gros éditeur américain ? Non. Pas de réversibilité complète en raison principalement du déséquilibre des acteurs. Pour un géant américain, même un grand compte français n’est pas stratégique au niveau mondial, alors qu'il l'est pour les acteurs de l’écosystème français.
Un bon exemple est fourni par le contrat d’Amazon, dont les clauses ont été analysées par le cabinet d'avocats Iteanu (Que celui qui a lu le contrat client Amazon Web Services se lève).
C’est pourquoi les deux exemples récents dans notre domaine devraient faire réfléchir les décideurs sur les critères de choix, et en premier lieu en remettant au centre la proximité. Proximité en amont, pour faire évoluer la stratégie et la roadmap et permettre aux secteurs concernés d’embrasser la révolution numérique en l'anticipant plutôt qu'en la subissant en adoptant des produits imaginés par d’autres.
Proximité encore pendant la relation commerciale et projet, ce qui signifie avoir des interlocuteurs réactifs, un support local, des consultants formés, un accès aux dirigeants. On ne dit pas assez par exemple, que le succès de la croissance américaine vient du numérique, et de la proximité des acteurs entre eux.
Il est courant que le patron d’une business unit de General Motors rencontre celui d’une business unit de Microsoft. C’est très enrichissant et source d’innovations majeures.
Enfin, un message aux clients parfois frileux sur le Cloud : si le nuage (Cloud) est près de chez vous, vous saurez anticiper le temps qu’il fait et vous pourrez vous adapter en conséquence. En revanche, suivre le temps en scrutant l’autre côté de la terre est plus difficile.