Qui rachètera Jive ? C'est la question que l'on s'est posée en 2014. Une question récurrente. En avril dernier, c'est le site américain Re/code qui l'avait remise au goût du jour, en annonçant que le pionnier des réseaux sociaux d'entreprise (RSE) et leader du domaine cherchait à se vendre. Parmi les postulants, figuraient notamment Oracle et SAP.
En panne perpétuelle de rentabilité, malgré la croissance continue de son chiffre d'affaires, l'éditeur misait sur son adossement à un acteur de poids. C'est finalement un beau partenariat de distribution, noué en mai avec le géant Cisco, qui mettra fin à cette tentative de trouver un sauveur et remettra Jive sur le chemin de l'espoir (voir notre article).
WebEx Social (ex-Quad) n'aura pas eu cette chance. La solution de RSE du même Cisco sera du coup passée à la trappe. Il faut dire que le spécialiste des communications unifiées peinait à la commercialiser.
A posteriori, l'on peut s'interroger sur ce qu'il serait advenu de Jive racheté par un SAP ou un Oracle. En 2011, ce dernier avait lancé en fanfare sa propre solution, Oracle Social Network (OSN). Puis, en 2012, il s'était orienté vers une stratégie d'infrastructure sociale, visant à s'appuyer sur OSN pour mettre du social dans ses applications métier. Une belle idée.
Mais entre l'idée et la réalité, il y a la mer, comme dit l'autre. Certes OSN est toujours là, depuis cette année bien intégré – et gratuitement – aux solutions cloud de l'éditeur. Mais qui l'utilise vraiment ? Les mauvaises langues, pas forcément mal intentionnées, disent même que les clients d'Oracle ignoreraient qu'ils en disposent. Et personne chez l'éditeur ne serait vraiment payé pour leur dire...
Quant à SAP, autre acteur avec une belle vision orientée socialisation des applications métier, l'on est content d'apprendre que le cabinet IDC vient de classer sa solution SAP Jam parmi les leaders des RSE. L'éditeur en profite d'ailleurs pour annoncer un nombre impressionnant d'utilisateurs : plus de 15 millions. Et la progression donnerait presque le tournis : en début d'année, selon le site américain EnterpriseAppsToday, ils n'étaient « que » 10 millions, 67 % disposant de la version payante. En France, un grand compte serait équipé de SAP Jam. Mais bien malin qui peut dire quel usage concret se cache derrière cette profusion de comptes utilisateurs.
Si les sorts de Jive et de WebEx sont réglés, les interrogations perdurent au contraire sur Socialcast, le RSE racheté en 2011 par VMware, le spécialiste de la virtualisation. L'année dernière, je rapportais déjà l'étonnement de participants à la conférence VMworld face à l'absence au programme de Socialcast.
Depuis, suite à une réorganisation survenue en juillet dernier, les choses se sont un peu précisées. Mais pas dans le bon sens du point de vue de l'existence du RSE. Résultat, une bonne partie de l'équipe originelle de Socialcast a quitté le navire. C'est le cas, entre autres, de la vice-présidente marketing, Joan Bodensteiner, et du Chief Data Scientist, Cameran Hetrick. Son fondateur, Tim Young, était lui parti en mai.
Alors que Socialcast équiperait quelque 40 000 organisations, la stratégie de VMware serait désormais d'intégrer les fonctions du réseau social à ses applications plutôt que de continuer à le faire vivre seul. Cette seconde voie ne se révélerait pas assez rentable comparée à la performance des autres activités de VMware.
De ce côté de l'Atlantique, c'est la situation de blueKiwi qui inquiète. Pionnier et leader des RSE en France, l'éditeur avait été racheté en avril 2012 par la société de services Atos. Une opération qui laissait espérer qu'il avait trouvé là un soutien de poids.
Las, plus de deux ans et demi plus tard, le compte n'y est pas du tout, comme nous vous le révélons dans notre Actualité de la semaine : Le triste bilan des « années Atos » de blueKiwi.
Départs en cascade, absence de mise à jour depuis deux ans, clients dans l'incertitude... Au lieu de booster le développement de blueKiwi, Atos l'a sacrifié au profit de son programme interne Zéro e-mail. Résultat, le leader français des réseaux sociaux d'entreprise est aujourd'hui marginalisé sur le marché.
Pour Socialcast comme pour blueKiwi, l'année 2015 devrait donc continuer de valser.