Les messageries d'équipe (Slack, HipChat, Talkspirit...) auront bien bousculé le marché des outils collaboratifs. Leur succès est fulgurant. Parti des équipes des start up, il s'est propagé jusqu'à celles des plus grands groupes. Un succès en mode viral rappelant celui des réseaux sociaux d'entreprise en leur temps.
Chez IBM, par exemple, où l'on ne doit pourtant pas manquer de solutions de collaboration, l'éditeur restant un spécialiste du domaine malgré son recentrage intensif dans l'intelligence artificielle, Slack s'est diffusé dans de nombreuses équipes : développeurs, designer, marketing…
La propagation du mouvement s'est aussi étendue à l'offre. Ainsi, les acteurs des communications unifiées sont à leur tour entrés dans la danse, notamment Mitel avec MiTeam et Cisco avec Spark. Mais chez les géants de la collaboration, l'on ne pouvait pas non plus rater le coche. Google a donc reconverti son outil de chat Hangouts pour cette mission et Microsoft ajouté Teams à Office 365.
Reconnaissons d'ailleurs que Microsoft a fait fort, avec un outil riche sur le plan fonctionnel, tirant notamment parti de son intégration avec les autres briques d'Office 365, sans que son ergonomie ne rompe vraiment avec l'esprit de simplicité qui a fait une partie du succès de ce type d'outil.
Chez Canal+, par exemple, son adoption s'est avérée plus simple que celle du réseau social d'entreprise Yammer, comme nous l'indiquions dans un article récent.
En revanche, pour les utilisateurs d'Office 365, il semble que la difficulté soit davantage de s'y retrouver parmi les multiples possibilités de collaborer entre Teams, Yammer, Groups, Sharepoint, Skype, Outlook…
« Il y a une très réelle nécessité d'expliquer les différences et les limites, et de rationaliser tout cela, ce que Microsoft est en train de faire via les vagues d'intégrations que nous voyons actuellement », remarquait récemment un DSI dans un commentaire à un article de Collaboratif-info.
Face à la perplexité des utilisateurs, le responsable marketing produit Office 365 chez Microsoft France avait d'ailleurs tenté de clarifier les choses dans un billet, en expliquant le positionnement respectif des différentes applications.
Mais sa conclusion donnait aussi le sentiment de botter en touche tout en noyant le poisson dans l'eau. « Ce portfolio d'applications collaboratives dans Office 365 pose bien sûr la question de l'accompagnement au changement et de la gouvernance à adopter, écrivait-il ainsi. C'est d'ailleurs la vraie question pour aider chaque équipe à choisir les bonnes technologies selon les expériences de travail souhaitées. »
On se demande encore par quel tour de passe-passe, dans le raisonnement, la vraie question du manque de rationnalité d'une offre s'est soudain transformée en problématique d'accompagnement, la conséquence en cause. Mais l'on se dit que certains doivent parfois rêver de viralité.