Apprendre de ses erreurs : la SNCF montre la voie

A quand une FailCon en France consacrée aux réseaux sociaux d'entreprise ? Amener des organisations à témoigner autour de projets ayant échoué était inenvisageable il y a encore peu de temps. Aucun candidat ne se serait risqué à l'exercice. 

Les raisons invoquées ne manquaient pas : risque d'écorner l'image de l'entreprise, fragilisation des projets et de leurs sponsors, démarche trop éloignée de la culture française...

L'idée a néanmoins fait son chemin, elle est désormais ouvertement évoquée. Une part du mérite en revient à la SNCF, qui a témoigné à deux reprises au cours des dernières semaines. D'abord à Enteprise 2.0 Summit, puis à Solutions Intranet & RSE. 

La compagnie ferroviaire est revenue sur la mise en place d'un réseau social au sein de sa division Innovation et recherche. Le projet fut un échec dans un premier temps. 

« Une des premières conclusions à laquelle nous sommes arrivés est qu'il est nécessaire de faire appel à des personnes qui connaissent le sujet », souligne Jean-Jacques Thomas, directeur Scientifique & Programme d'Innovation de la SNCF.

L'entreprise, aidée par le cabinet Nextmodernity, a identifié ses erreurs : approche trop technologique avec pour conséquence une multiplication de fonctions rendant l'outil complexe ; ouverture d'emblée à un large public incluant des partenaires, ce qui impliquait l'instauration de règles de confidentialité mal maîtrisées qui ont découragé la participation ; défaut de communication, le réseau social n'avait même pas de nom.

Le réseau social a désormais un nom : Share-i

Une fois ce bilan établi, la SNCF a relancé une deuxième version du projet en continuant à s'appuyer sur la plate-forme technique Drupal qu'elle a structurée pour cadrer avec les usages. Ainsi, des espaces bien identifiés ont été créés où peuvent être confinés des partenaires. 

Le nouveau réseau social, élégamment baptisé Share-i, a été lancé en octobre dernier et les premiers indicateurs sont jugés bons : près de 800 inscrits, dont plus de 40% se connectent au moins une fois par mois. 

Une autre organisation, l'association Agir, s'y est pris en deux temps avant de réussir à imposer son réseau social. Sa responsable communication, Magalie Dujeancourt, intervenait également lors d'une table ronde à Solutions Intranet & RSE.

Les lecteurs de Collaboratif-Info connaissaient déjà le scénario. Nous l'avions raconté en février 2012 (L'association Agir relance son réseau social avec YoolinkPro). Ces deux témoignages, loin de déconsidérer les entreprises, valorisent au contraire leurs capacités à rebondir et donnent plus de crédit à leurs succès actuels.

La mise en place d'un réseau social d'entreprise n'est jamais un long fleuve tranquille. La tentation est grande de réécrire l'histoire en présentant une belle trajectoire linéaire sans rapport avec la réalité. Ce n'est sans doute pas le meilleur moyen d'être écouté et entendu. 

 

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