Bye bye Jive...

Voilà bien trois ans que la nouvelle couvait et plusieurs grands noms avaient circulé : Jive cherchait à se vendre et ses prétendants s'appelaient Cisco, Oracle, SAP, Workday… C'est finalement EWS Capital, un fond texan qui possède un porte-feuille de logiciels pour entreprise, qui a mis la main sur le pionnier des réseaux sociaux d'entreprise et leader des éditeurs spécialisés du secteur.

La nouvelle est tombée mardi, alors que se tenait la convention annuelle de Jive, à Las Vegas. L'éditeur va rejoindre Aurea, une solution de relation client, dont le président Scott Brighton a simplement indiqué : « Jive apportera à Aurea la capacité d'unifier expérience client et engagement employés et clients. Et nous aiderons les clients de Jive à tirer le maximum de valeur de leurs investissements dans cette solution. »

Selon les documents officiels rendant compte de la transaction, la marque Jive devrait être conservée. L'éditeur compte 30 millions d'utilisateurs et un millier de clients dans le monde, parmi lesquels Schneider Electric, Lafarge ou T-Mobile. De son côté, Aurea revendique 4000 clients à l'international. Parmi eux, l'on trouve Saint-Gobain, Paypal, Metlife ou Proximus.

Un modèle communautaire gagnant ?

Une des surprises de l'opération est son montant : 462 millions de dollars, soit un peu plus de 5 dollars par action, incluant une prime de 20% sur le cours de cette dernière. En 2012, l'éditeur était valorisé 27 dollars par action (soit plus de 1,2 milliard). Et en 2014, lorsqu'il a commencé à chercher un repreneur, il était encore valorisé 600 millions de dollars à la bourse de New York.

Spécialiste du domaine, l'analyste Ray Wang a estimé que ce montant était peu élevé. Un avis partagé par Esteban Kolsky, son ex-comparse de Constellation Research, qui remarque que la somme déboursée par EWS Capital était considérablement inférieure aux montants que les potentiels acquéreurs étaient encore prêts à mettre sur la table il y a tout juste un an.

L'analyste veut néanmoins croire que Aurea tirera profit à maintenir l'existence indépendante de Jive. Le modèle de déploiement de communautés tant internes qu'externes proposé par Jive nécessite d'être promu, mais c'est un modèle gagnant, défend-il, tout en admettant, dans le même temps, que cette existence indépendante dépendra du bon vouloir des nouveaux détenteurs de l'éditeur et que le démantelement à terme du produit reste une possibilité…

De fait, tant la difficulté de Jive à se faire racheter que le montant de ce rachat sont sans doute le signe d'un changement plus profond sur le marché des solutions de collaboration. Comme le signale Arnaud Rayrole, du cabinet Lecko, dans un billet : « Aujourd'hui le marché privilégie des solutions moins “transformantes” comme Office365 (Microsoft), Google Suite et Workplace (Facebook). Les grandes entreprises ont besoin de temps pour digérer et appréhender la culture collaborative avant de se transformer en profondeur. Elles ont décidé que le point de départ de cette transformation était la productivité des équipes. »

Avec le rachat de Jive, ce n'est donc sans doute pas à une simple consolidation du secteur à laquelle on assiste, argument éculé que l'on ressort à chaque fois de manière quasi automatisé. Se faire racheter par un acteur de la relation client, au demeurant pas le plus connu, est quand même une drôle de destinée pour celui qui était à l'avant-garde des solutions de collaboration sociale en entreprise.

Loin d'être le symptome d'une consolidation, c'est en réalité une page qui se tourne.

Promo Newsletter