En attendant un Microsoft 365 Bleu

Après la Cnil, la Dinum. En juin dernier, la première avait appelé à l'abandon des solutions collaboratives américaines dans l'enseignement supérieur et la recherche (voir notre article). Cette fois, c'est la Dinum, la direction interministérielle du numérique qui monte au créneau.

Le 15 septembre dernier, Nadi Bou Hanna, à la tête de la Dinum, a transmis aux ministères une note leur rappelant que la solution Microsoft 365 n'était pas conforme à la doctrine « Cloud au Centre » souhaitée par le gouvernement, formulée dans la circulaire 6282-SG du 5 juillet.

« Les solutions collaboratives, bureautiques et de messagerie proposées aux agents publics relèvent des systèmes manipulant des données sensibles, explique le directeur interministériel du numérique. Ainsi, la migration de ces solutions vers l’offre Office 365 de Microsoft n’est pas conforme à la doctrine Cloud au Centre », souligne-t-il.

Cette mise au point a été saluée par les acteurs français de la collaboration. Sur Linkedin, Alexandre Zapolsky, fondateur et président de Linagora, qui propose la solution de Digital Workplace open source Twake, a par exemple salué une « prise de position très claire du DSI de l’Etat. »

« C'est le changement que l'on attendait depuis longtemps », s'est enthousiasmé de son côté Alain Garnier, le dirigeant de Jamespot dans un live video. « C'est l'opportunité pour l’Etat de travailler avec des acteurs plus innovants, offrant des produits plus simples et moins chers », a-t-il défendu.

Quant à l'éditeur CEO-Vision, qui propose la solution de collaboration open source GoFast, il a relayé cette décision sur son site, évoquant la possibilité que cette mesure s'appliquant aux structures de l’Etat soit étendue aux collectivités territoriales et autres organismes publics.

Sortir par la porte, rentrer par la fenêtre ?

Le sujet est-il clos ? Non, puisque le directeur de la Dinum évoque parmi les pistes de solutions alternatives privilégiées de faire appel à Bleu, l'offre de Cloud de Confiance annoncée en mai dernier par Cap Gemini et Orange.

Or, profitant d'une décision du gouvernement d'autoriser des solutions américaines dans le Cloud de Confiance pourvu que leur technologie soit licenciée à des entreprises françaises, Orange et Cap Gemini ont décidé de faire reposer Bleu sur l'offre Saas Microsoft. Sortie par la porte, Microsoft 365 rentrerait par la fenêtre.

Reste que Bleu n'est pour le moment, comme l'écrit lui-même Nadi Bou Hanna, qu'une « ambition de construction d'une offre labellisée SecNumCloud conforme à la doctrine Cloud au Centre ».

Dans son édition hebdomadaire, le Canard Enchaîné rappelle, lui, les tentatives râtées d'Orange dans la mise en place d'un Cloud national, à travers les échecs du projet Archimède lancé en 2010 ou de l'offre Cloudwatt. L'histoire se répétera-elle, au vu notamment des contraintes techniques et juridiques auxquelles Bleu devra répondre pour être conforme au Cloud de Confiance ?

Heureusement, les ministères auront toujours le choix de ne pas attendre la suite de l'histoire. Ils peuvent d'ores et déjà se tourner vers des solutions collaboratives locales déjà labellisées SecNumCloud et capables de répondre à leurs enjeux. C'est en tout cas le message que les acteurs français du domaine ont voulu faire passer, tout en saluant la décision du DSI de l’Etat.

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