Google joue Gmail face à Slack et Teams

Un éclair de lucidité a touché Google. L'événement a été conté mi-juillet par Javier Soltero, le vice-président de G Suite, dans un billet annonçant une nouvelle évolution de la solution collaborative.

« Les personnes nous disent qu'elles sont surchargées par trop d'informations et trop de tâches sur trop d'outils différents, explique Javier Soltero, rendant compte de ses discussions avec des dirigeants d'entreprises et des employés depuis le début de la crise du covid. […] nous avons donc besoin que les outils que nous utilisons déjà soient encore plus utiles, en travaillant ensemble de manière intégrée et intuitive », conclut le dirigeant.

Avec la nouvelle version de G Suite, en cours de déploiement, messagerie d'équipe (Google Chat), partage de fichiers, gestionnaire de tâches, visioconférence, sont ainsi intégrés à la messagerie Gmail.

De son côté, Google Chat (ex-Hangouts Chat) voit ses salles de discussion s'enrichir de fonctions documentaires et de gestion de tâches. Et il devient même possible de faire de la co-édition en ligne sur un document de salle de discussion directement depuis Gmail.

De toute évidence, Google semble sorti de ses errements face aux messageries d'équipe Slack et Teams. Alors que ces dernières commençaient à agiter le marché, il y a trois à quatre ans, l'Américain avait passé un accord d'intégration avec Slack, tout en mettant en avant son propre outil, Hangouts Chat, avec force promesses d'intégration avec les applications de G Suite. Puis, les choses n'avaient pas vraiment avancé.

Sur les traces d'IBM ?

Désormais, l'éditeur semble décidé à transformer Google Chat en véritable messagerie d'équipe. Mais ce qui étonne avec les évolutions annoncées, c'est surtout le rôle qui échoie à Gmail, puisque celui-ci devient l'interface centrale pour collaborer dans G Suite.

A posteriori, l'on comprend mieux pourquoi, en octobre 2019, Google avait recruté Javier Soltero pour prendre la tête de G Suite. Jusque fin 2018, celui-ci était chez Microsoft, où il a notamment été en charge de la messagerie Outlook.

Google n'est pas le premier à vouloir faire de l'e-mail le centre de la collaboration. En 2014, IBM s'y était essayé avec Mail Next (rebaptisé ensuite IBM Verse). A l'époque, après avoir tenté de détrôner la messagerie électronique, les réseaux sociaux d'entreprise tentaient de faire avec, via une meilleure connexion entre les deux.

IBM avait, lui, poussé le bouchon si loin que c'est la messagerie qui devenait finalement l'interface unique, reconnaissance de son caractère essentiel dans le travail quotidien.

Depuis, l'on n'a plus entendu parlé de Mail Verse ni même de Connections, le réseau social d'entreprise qu'IBM pensait sans doute sauver grâce à ce changement de paradigme osé.

L'éclair de lucidité qui a touché Google se transformera-t-il aussi en coup d'épée dans l'eau ?

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