C'est l'annonce phare de la semaine dernière : le rachat par IBM de Kenexa, un spécialiste américain de la gestion des talents en mode Saas. Une acquisition qui ne pouvait faire penser qu'à des opérations similaires récentes, en l'occurence les rachats de Taleo par Oracle et de SuccessFactors par SAP.
Après tout, face au marché en pleine croissance de la gestion des talents, pourquoi un géant comme IBM ne voudrait-il pas lui aussi sa part du gâteau et, comme ses petits camarades de même taille, pourquoi ne brûlerait-il pas les étapes en empruntant la voie rapide de la croissance externe.
Avec une présence dans 21 pays, 8900 clients dont la moitié des entreprises classées au Fortune 500, une offre mixant une suite applicative couvrant toutes les problématiques de gestion du capital humain (recrutement, gestion des salaires, de la performance, de la formation, intégration des nouveaux arrivants, etc.) et des services de conseils, Kenexa constitue plutôt un beau premier pas pour IBM.
Pourtant, avec un peu de recul, il était possible de s'interroger sur le raisonnement. Contrairement à SAP et Oracle, IBM n'était pas jusque-là présent dans le monde des RH comme éditeur, si l'on fait abstraction de sa solution analytique Cognos Workforce. Mais en tant que société de service, en revanche, la gestion des talents était loin d'être une inconnue pour lui, puisqu'il déploie notamment les solutions de Saba, SAP et Taleo.
Mais c'est finalement le communiqué portant sur cette acquisition qui était le mieux à même de finir de semer le doute. « IBM va acquérir Kenexa pour renforcer son offre de Social Business », y annonçait l'éditeur, n'indiquant qu'une seule fois que Kenexa était un éditeur de gestion des talents, mais insistant sur l'apport technologique sur le plan analytique.
« Kenexa complète la stratégie d’IBM qui vise à apporter aux responsables métiers des données et expertises pertinentes », explique l'éditeur, qui indique aussi que les informations issues des réseaux sociaux doivent permettre de constituer les meilleures équipes.
Un exercice de communication plutôt flou, qui semble avoir déstabilisé nos confrères du site CMSWire, qui annonçait ce rachat avec force précautions : « Bien qu'IBM n'ait pas apporté de détails significatifs sur la manière dont les technologies de Kenexa seront intégrées à sa stratégie de Social Business, nous pouvons présumer qu'IBM permettra à ses clients d'évaluer, recruter et former leurs employés via les réseaux sociaux », écrit prudemment Dan Berthiaume.
En revanche, du côté du site Workforce.com, la prudence n'était pas de rigueur. Ed Frauenheim voyait ainsi dans le rachat de Kenexa par IBM et dans l'argumentaire centré Social Business de ce dernier ni plus ni moins que la mort de la gestion des talents !
La justification de cette acquisition montre que « Big Blue ne voit pas la gestion des talents comme un domaine aussi important que ceux des réseaux sociaux et du data mining, écrit-il. Et je pense qu'IBM a raison. Kenexa représentait la quintessence de la gestion des talents. Mais IBM semble plus intéressé par ce qu'il peut construire sur cette base. »
Que fera vraiment IBM de Kenexa ? Réponse dans un prochain communiqué ?...