« Comment manager en mode start up ? », « Les techniques de management à piquer à des patrons de start up »… Ces dernières années foisonnent d'articles de presse ou billets de consultants vantant les bénéfices de s'inspirer des pratiques managériales des start up, baignant dans l'agilité, l'innovation et le numérique.
Depuis décembre dernier et le lancement du compte Instagram Balance ta start up, l'ambiance a changé et c'est plutôt leur management toxique qui défraye la chronique. En tout cas, celui de certaines d'entre elles.
Le compte dédié à la libération de la parole dans l'écosystème start up, comme il se définit lui-même, rassemble aujourd'hui 184 000 abonnés et, début mars, avait publié 1 400 témoignages concernant 150 start up, rapportait le journal Ouest France.
Chantage affectif, humiliation, harcèlement, sexisme, racisme, surcharge de travail, heures non payées, licenciement abusif… Les faits dénoncés n'ont malheureusement rien d'innovant, si l'on peut dire les choses ainsi.
Du côté des start up incriminées, les réactions sont variées. La fondatrice de Stella & Suzie, à qui l'on reprochait de semer la terreur, s'est excusée et a notamment décidé d'entreprendre un travail sur elle-même, mais aussi de faire de sa start up un exemple en droit social.
Iziwork, elle, a mis en place un dispositif d'écoute anonyme pour dialoguer avec les salariés et a renforcé la formation des managers sur le sujet de la qualité de vie au travail, tout en lançant une procédure judiciaire contre les accusations dont elle est l'objet.
Certaines start up, elles, se contentent de dénoncer des diffamations, quand d'autres se mettent simplement en position silence radio.
Balance ta start up ne compte pas que des témoignages négatifs, mais cherche aussi à recueillir les positifs, pour mettre en valeur de bonnes pratiques de management. En février dernier, le site Maddyness avait interrogé des DRH de start up ayant fait l'objet de tels témoignages positifs.
L'une d'elle pointait le mythe de la start up, source de déception pour certains salariés : « On a l’impression qu’une start up n’est pas une entreprise, elle est vue comme un eldorado pour les salariés en quête de sens. Il y a donc un décalage profond entre la promesse faite et la découverte d’une réalité qui n’est pas si gaie », expliquait-elle, sans remettre en cause, bien sûr, les témoignages négatifs de Balance ta start up.
Sur un autre média, un consultant en recrutement expliquait, lui, que travailler dans une start up était valorisant mais éprouvant. Il mettait d'ailleurs en garde les candidats quant aux contreparties de ce choix d'environnement de travail sur leur vie personnelle, qui ne peut convenir à tous les profils.
De son côté, Elise Fabing, avocate en droit du travail qui intervient sur le compte Balance ta start up pour prodiguer de l'information et des conseils juridiques, expliquait à La Tribune que les dossiers traités par son cabinet faisaient ressortir chez les start up une porosité parfois malsaine entre le travail et la vie privée.
« L'investissement demandé et les liens d'engagement entre les salariés et les fondateurs sont si forts que se développent de nombreuses relations toxiques, amicales ou amoureuses, et des situations d'emprise », indiquait-elle, pointant une culture d'entreprise et un environnement de travail très particuliers, propres aux start up, pouvant créer des conditions de harcèlement.
En attendant, les faits dénoncés sur Balance ta start up semblent bien ressortir davantage du droit du travail que de la simple déception de voir son rêve se briser en cauchemar.