L'on ne compte plus les thématiques où le réseau social nous est présenté comme l'outil rêvé. Une des grandes tendances concerne les plates-formes destinées à l'entrepreneuriat, où porteurs de projets peuvent entrer en relation et partager avec des experts de la question, des financeurs ou des partenaires. Mais ce n'est qu'un exemple. L'immobilier semble aussi être un thème porteur, soit qu'il s'agisse de rassembler entre eux des professionnels du secteur, des acquéreurs, ou de mixer ces deux populations.
Un autre domaine fait cependant lui aussi largement appel au réseau social, c'est celui du courtage en ligne, avec des plates-formes destinées aux traders. Si ceux-ci étaient parmi les premiers à investir les réseaux sociaux externes, notamment Twitter, pour y partager leurs informations ou sentiments sur les marchés, l'on entre ici dans une autre dimension, puisque le social est imbriqué à une offre commerciale.
Dernière à rejoindre le mouvement, Saxo Banque lançait mi-novembre son TradingFloor.fr. Au menu : la possibilité de suivre des individus (analystes, économistes, autres traders) ou des thèmes (secteurs industriels ou géographiques, instruments financiers), de partager des idées de trades ou de commenter les analyses partagées, de suivre l’actualité économique et l’évolution des marchés financiers, etc. Les fonctions typiques d'un réseau social.
Dans le domaine du « trading social », dont le principe fondamental est assez simple : copier les traders les meilleurs pour gagner, Cortal Consors, filiale de BNP Paribas, fait sans doute partie des pionniers, avec sa communauté Hopee, très marketée entraide ou compétition entre passionnés par la bourse.
Mais dans la catégorie trading social, eToro, l'un des précurseurs, mérite aussi d'être signalé puisque, contrairement aux exemples cités ci-dessus, il ne s'agit pas d'un réseau social ou d'une communauté adjointe à une plate-forme de courtage, le réseau social étant ici la forme prise par cette dernière.
En dépit de ces différences, l'irruption des réseaux sociaux donne en tout cas un sérieux coup de vieux aux courtiers en ligne qui en sont restés aux traditionnels forums de discussion. Au-delà de l'aspect formel, resterait néanmoins à connaître l'efficacité de telles solutions sociales, voire leurs effets éventuels sur les marchés.
Concernant ce dernier aspect, l'on apprenait par ailleurs mi-novembre, par un article du New York Times, que de très grandes banques songeaient sérieusement à interdire à leurs traders de participer à des forums de discussion sur internet, de crainte que ces derniers puissent être considérés par les autorités de régulation comme propice à la collusion entre professionnels et à la manipulation de marchés.
Etaient notamment dans le collimateur deux groupes de traders aux noms plutôt évocateurs, the Cartel et the Bandits Club, cela dans le cadre d'une enquête sur la manipulation des taux interbancaires.
Pour les banques, la facture est tombée ce mercredi : six d'entre elles devront au total payer une amende record de 1,7 milliard d'euros. Et d'autres enquêtes sont ouvertes. Comme quoi les technologies 2.0 ne sont pas toujours bonnes pour les finances.