Les usages numériques, un signal faible d'inégalité entre femmes et hommes ?

Et si les usages numériques professionnels étaient genrés… C'est l'hypothèse qu'a souhaité testée un collectif pluridisciplinaire de 16 personnes, composé notamment de DRH, d'experts de l'égalité professionnelle, ou encore de représentants du monde de la recherche.

A cette fin, elles se sont penchées sur le comportement de 4 500 employés appartenant à trois entreprises, clientes de la start up Mailoop. L'échantillon de données fournies portait sur un an et comptait 30 millions d'en-tête d'e-mails uniquement professionnels et 1 million de réunions ayant au moins un invité.

L'enjeu, derrière les différences de comportement éventuelles, était d'identifier des inégalités entre femmes et hommes, d'en rechercher l'origine et trouver des solutions pour les résoudre.

Premier constat, les hommes apparaissent moins déconnectés que les femmes. Mais l'écart est ténu. A 1 point près, les deux populations traitent 20 % de leurs mails en dehors des horaires normaux de travail. Autre légère différence, le font davantage avant 8 h que les femmes après 18 h.

En revanche, la différence s'inverse et devient plus significative lorsque selon la fonction occupée. Les dirigeantes et, surtout, les femmes managers apparaissent alors moins déconnectées que leurs homologues masculins. Les secondes envoient ainsi 23 % de leurs e-mails en dehors des heures normales, contre 19 % pour les hommes.

En matière de nombre de personnes distinctes contactées par semaine, les données ne révèlent pas de vraie différence entre hommes et femmes. Avec 55-56 personnes, les managers arrivent en tête, devant les dirigeants (en moyenne 37 personnes) et les collaborateurs (23-24 personnes).

Davantage d'e-mails et de temps en réunion pour elles

Lorsqu'il s'agit de répondre à un e-mail, les écarts commencent à devenir plus consistants, les femmes se révélant les plus réactives, notamment quand elles sont managers. Dans ce cas, elles apportent une réponse immédiate à 19,9 % de leurs e-mails, contre 13,5 % pour les hommes.

« Ces chiffres traduisent-ils un rapport au travail différent, un rapport aux échanges d'informations ou à la collaboration différents entre les femmes et les hommes ? Peuvent-ils être en eux-mêmes une mesure de l'implication dans le travail des femmes et des hommes ? », s'interroge le collectif.

Autre différence qui suscite l'interrogation de ce dernier, celle concernant la charge de travail, puisque les données montrent que les femmes ont 10 % d'e-mails en plus à traiter que les hommes et aussi qu'elles passent 5 % de plus de leur temps à assister à des réunions.

En moyenne, une femme reçoit 85 mails par jour, contre 77 pour un homme. Et elle passe en moyenne 192,4 minutes en réunion par jour, contre 182,9 un homme.

« Femmes et hommes, avons-nous une charge de travail numérique similaire ? Les flux de données sont-ils ciblés de la même manière ? A postes équivalents, les femmes fournissent-elles une quantité de travail supérieure à celle des hommes ? », questionne le collectif.

Ce dernier ne tire d'ailleurs pour l'instant aucune conclusion de l'étude réalisée, qui lui permet surtout de dresser une liste de pistes de réflexion à creuser sur chacun des thèmes étudiés.

D'ici à l'été, l'étude va également s'enrichir de nouvelles données, autour des outils collaboratifs, entre autres Teams et Slack, pour identifier des éventuelles différences en termes d'appétence pour ces outils, d'usage et de recours aux modes de travail collaboratif.

Pour en savoir plus : Usages numériques & égalité

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