Purs objets marketing ou véritables dispositifs d'apprentissage ? L'interrogation persiste concernant les Mooc (Massive Open Onlines Courses), ou cours en ligne ouverts et massifs (Clom) en français. Rien d'étonnant, au regard de leurs résultats.
Avec un taux de réussite ou d'achèvement oscillant en général entre 5 et 15 % – pourcentage d'apprenants obtenant le certificat final de suivi de la formation sur le nombre initial d'inscrits – et un taux d'abandon frisant au minimum les 80 %, ces dispositifs fondés sur l'apprentissage collectif ne font pas mieux que ce qu'ils devaient révolutionner : l'e-learning classique, où l'apprenant est seul.
Conséquence, nombreux sont les acteurs ayant jeté le bébé avec l'eau du bain, la nouvelle mode étant désormais de ne plus jurer que par une autre « révolution », le Spoc, ou Small Private Online Course. Un dispositif n'ayant, en fait, pas grand-chose à voir avec le Mooc. Où, comme le nom l'indique, l'on est en petit comité restreint et, aujourd'hui en tout cas, dans un mode d'apprentissage hybride et en pédagogie inversée, le virtuel servant à diffuser le contenu théorique et le présentiel à l'approfondissement, au travail pratique et collectif.
Abandonner le Mooc, même si l'interrogation « objet marketing ou véritable moyen d'apprentissage » restait posée, ce n'était néanmoins pas au programme du colloque international Jocair (Journées communication et apprentissage instrumenté en réseau) qui se tenait fin juin à Paris sur le thème « Enseigner sans enseignants ? ».
Un événement – sur lequel nous reviendrons dans une prochaine édition de Collaboratif-info – où le Mooc occupait une place centrale, à travers notamment la présentation de plusieurs études menées par des enseignants-chercheurs.
Parmi elles, figurait notamment une étude conduite par Pierre-André Caron, Jean Heutte et Marilyne Rosselle, visant à proposer une méthode et des outils pour évaluer les perceptions des apprenants dans un Mooc.
Sans entrer dans le détail de cette étude menée sur un Mooc mais qui se poursuit sur d'autres, ce qui frappait c'était l'un des principaux résultats, obtenu grâce à un questionnaire inspiré des critères de Jenny Preece visant à mesurer la vitalité d'une communauté de pratique en ligne. Ce résultat montrait que le sentiment d'être seul sur la plate-forme grandissait chez les participants au fil du temps. Au bout de dix semaines, seuls 36 % avaient, par exemple, le sentiment d'appartenir à un groupe de personnes apprenant ensemble, contre 52 % au bout de deux semaines.
Plutôt gênant pour un dispositif fondé sur le collectif, où l'on n'est pas censé se sentir « massivement tout seul », comme le notait Jean Heutte lors de la présentation de cette étude.
De fait, quand il s'était agi d'engager un travail de groupe, les choses s'étaient révélées particulièrement compliquées, faute d'une claire perception des autres, de leurs compétences, leurs actions, leurs motivations. Avec pour corollaire la difficulté d'instaurer la confiance entre les participants.
D'où des préconisations formulées par les chercheurs en termes d'ergonomie de l'interface, préconisations s'inspirant tout à la fois du réseau social et des jeux en ligne massivement multijoueur, afin d'enrichir ces plates-formes de fonctions matérialisant le capital social des participants : mur avec contributions et activités, système de badges, etc.
Un chantier outil qui n'épuise certes pas toutes les problématiques autour des Mooc. Mais indispensable pour ceux qui prennent toujours le potentiel pédagogique de ces dispositifs au sérieux.