Salesforce joue la rupture dans les RH 2.0

Lorsque Salesforce annonçait, en décembre dernier, se lancer dans le management du capital humain, l'on pouvait être étonné. Trois mois auparavant, l'éditeur avait pourtant déjà noué un partenariat avec un spécialiste du domaine, Workday, pour étoffer son offre applicative en mode Saas, Force.com.

Mais, surtout, l'acte inaugural de ce nouvel axe stratégique – l'acquisition de la solution de management des performances Rypple – semblait plutôt modeste. Pas de quoi rivaliser avec le périmètre fonctionnel d'un SuccessFactors, qui venait d'être repris par SAP, ou d'un Taleo, sur lequel Oracle mettra la main début 2012.

Neuf mois plus tard, Salesforce vient de dévoiler son premier logiciel de ressources humaines. Il a pour nom Work.com (voir notre article). Et, chose encore étonnante, ce n'est pour l'essentiel qu'une version en partie relookée de Rypple !

Voir le verre presque vide pourrait cependant être une erreur. A l'intérieur de son petit périmètre, Work.com marque en fait une rupture en profondeur en termes de solution de management des ressources humaines.

Sur le terrain des opérationnels au quotidien

Cette rupture, elle tient d'abord à la nature même de Rypple qui, loin d'être un outil de gestion de la performance comme un autre, se focalise sur le quotidien et vise à favoriser la collaboration.

A travers lui, les objectifs de chaque collaborateur et équipe, comme la progression dans l'atteinte de ces objectifs, sont ainsi visibles de tous. Les managers, outre piloter la performance, peuvent apporter leurs conseils et les collègues leur aide. Un système de badges et de remerciements permet de plus à chacun d'être reconnu pour son engagement et ses compétences. Enfin, tout collaborateur peut solliciter au fil de l'eau les avis de ses collègues dans la perspective de son entretien d'évaluation.

Ensuite, et c'est la principale nouveauté apportée par Salesforce, Work.com est intégré à la solution de CRM de l'éditeur. Non content de s'ancrer dans le quotidien, il est donc au cœur de l'outil de travail des collaborateurs, son usage se mélangeant avec leur activité.

Avec Work.com, Salesforce est ainsi à mille lieux des solutions RH traditionnelles. Mais il se différencie également de celles dont le positionnement est 2.0. Si ces dernières œuvrent à rendre plus sociaux les processus RH et que certaines d'entre elles vont même jusqu'à proposer un module de réseau social, elles restent en effet DRH centric, éloignées du terrain des collaborateurs et managers.

A l'œuvre par exemple chez Facebook, qui avait adopté Rypple et en tant que client de Sales Cloud est l'un des premiers utilisateurs de Work.com, cette rupture s'étendra-t-elle au-delà des applications métiers de l'éditeur, notamment via son réseau social d'entreprise Chatter, auquel la nouvelle solution s'intègre ? C'est l'une des questions que l'on peut se poser. Mais il conviendra aussi de surveiller si Salesforce fera des émules chez ses concurrents.

A ce sujet, l'on est d'ailleurs toujours sans nouvelle de ce qu'a prévu IBM pour Kenexa, la solution de gestion des talents qu'il a acquise en début de mois, et du rôle qu'elle pourrait jouer au sein de son réseau social d'entreprise, Connections. Peut-être que Work.com pourrait donner à l'éditeur des idées...

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