Des salariés saturés de numérique

Bientôt trois ans après l'irruption du Covid, l'heure est-elle encore à s'enthousiasmer face à l'accélération de la transformation numérique qu'elle a engendrée ? A se réjouir des bouleversements qu'elle a entraînés dans les modes de travail ?

La nouvelle édition de l’État de l'art de la transformation interne des organisations, l'étude réalisée par le cabinet Lecko, invite en tout cas à sérieusement s'interroger.

Avec l'accélération du numérique suite à la crise Covid, s'est aussi logiquement amplifié le phénomène de saturation déjà identifié dans les dernières études de Lecko, avec des salariés soumis à un nombre toujours plus croissant de sollicitations et de flux d’informations.

Un sondage sur les principaux outils de communication et de collaboration entre collègues, réalisé par Ipsos pour Lecko, permet d'appréhender le phénomène.

En un an, toutes les solutions ont vu leur usage progresser, multipliant les canaux de communication et les espaces partagés au sein de l'organisation.

L'usage de la Digital Workplace bondit ainsi de 7 à 26 % et celui des espaces collaboratifs de 19 à 27 %, quand la messagerie d'entreprise (Teams, Meet, etc.) progresse encore de 36 à 43 %. Dans le même temps, la messagerie instantanée externe grapille quand même trois points, à 27 %.

La visioconférence, elle, rebondit nettement, à 40 %, après avoir chuté entre 2021 et 2022 de 47 à 29 %.

Et comble de la situation, la prolifération de ces canaux de communication et de collaboration n'empêche pas l'e-mail de monter lui aussi, de 60 à 64 %, indétrônable au sommet de la pyramide.

Hyperconnexion

A cette tendance de fond, qui semble irrémédiable faute de réelle transformation des usages, le bouleversement des modes de travail, avec le développement du télétravail et du mode hybride, est venu apporter sa pierre.

La transformation numérique « a engendré un système organisationnel hyperconnecté, provoquant de plus en plus d’improductivité, de désengagement et de troubles psycho-sociaux », alerte Lecko.

Grâce à l'analyse des données de deux années d’activités de 20 000 collaborateurs d’entreprises de tailles et de secteurs d’activités différents, utilisateurs de Microsoft 365, incluant des employés de bureau et de terrain, le cabinet dresse d'ailleurs un état des lieux des situations à risque créées par cette hyperconnexion : baisse d'efficacité, perte de motivation, de goût du travail et de liens sociaux, jusqu'au burnout...

Menée en coopération avec le cabinet en science cognitive Cog'X, cette analyse met en lumière l'existence d'une population particulièrement exposée dans la durée à des risques de surcharge mentale et de fatigue, causés par une quantité excessive d’e-mails et de réunions, ainsi qu'à l’absence de temps de récupération suffisants.

Une population d'« Hyperconnectés » qui représente 10 % de l'échantillon et à laquelle les organisations devraient s'attacher à venir en aide, prévient l'étude de Lecko.

Pour le propre bien-être de ces collaborateurs, mais aussi parce qu'ils contribuent par leurs pratiques à l'essor d'une culture du travail en débordement.

« Bien que la population hyperconnectée ne soit pas majoritaire, c’est bien souvent elle qui se rend la plus visible du fait qu’elle soit au centre du partage d’informations », remarquent les auteurs de l'étude.

Une culture du débordement pourtant relativement déjà largement partagée, puisque 75 % de l'échantillon est composé de salariés qui connaissent de manière ponctuelle des pics d'activité, avec à la clé des interactions en dehors des heures usuelles de travail.

Pour en savoir plus :  l’État de l'art de la transformation interne des organisations

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