Les réseaux sociaux à la peine, Twitter sous les projecteurs

Sale temps pour les réseaux sociaux. Comme à chaque ralentissement économique ou récession, le marché publicitaire souffre. Or, il s'agit de leur principale source de revenus.

En bourse, c'est l'hécatombe. D'autant plus que la période ouverte avec la crise sanitaire avait vu s'envoler les valorisations, boostées par la politique de taux d'intérêts bas des banques centrales, qui rendait l'endettement des sociétés moins coûteux et les actions plus attrayantes pour les investisseurs que les obligations.

Entre début 2020, où ces valoristions étaient pourtant déjà considérées comme tendues, et août 2022, à leur pic récent, l'action de Meta a ainsi été multipliée par deux (environ 380 $ contre 200), celles de Snapchat et Pinterest par 4 (environ 80 $ contre 20).

La remontée des taux d'intérêt pour freiner l'activité économique afin de lutter contre l'inflation a, logiquement, eu l'effet inverse, ramenant les valorisations des réseaux sociaux ci-dessus à leur niveau de 2020 dans le meilleur des cas (Pinterest, 24 $), ou 50 % plus bas dans les pires (Meta : 113 $, Snapchat : 11 $).

Twitter à l'ère Musk

Chez Twitter, en plus de la situation économique compliquée, on doit faire avec l'arrivée d'un nouveau patron aux méthodes et projets pour le moins controversés.

Depuis qu'il s'est retrouvé contraint d'acheter le réseau social, pour 44 Md$, afin d'éviter un procès, Elon Musk défraye la chronique.

Il s'est d'abord illustré avec le licenciement de la moitié des 7 500 salariés, en deux petits coups d'e-mail. Ceux qui restent devront venir pointer dans les locaux de l'entreprise et y effectuer leurs 40 heures de travail. Mais au-delà, ils gagneront le droit de basculer en télétravail.

Parmi les équipes rescapées, figurent celles en charge de la modération et de la lutte contre la haine en ligne ou de la sécurité des données, dont les effectifs ont néanmoins été réduits, alimentant les craintes sur ce que veut faire de Twitter Elon Musk.

« Nous suivons les récents développements chez Twitter avec beaucoup d'inquiétude. Aucun directeur général ou entreprise n'est au-dessus de la loi », a déclaré un porte-parole de la FTC, l'agence américaine de la concurrence, à propos des règles concernant la sécurité et la confidentialité des données.

Volker Türk, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, s'est lui fendu d'uns lettre ouverte à Elon Musk. Elle liste les principes fondamentaux que devrait respecter le réseau social en termes de protection des données, de liberté d'expression, de lutte contre la haine.

Pressions sur les annonceurs

Côté annonceurs, la crainte que le réseau social ne se transforme en lieu de désinformation et de discours de haine, nuisant à leur image de marque, a conduit certains à suspendre leurs campagnes publicitaires.

Quant aux autres, ils sont sous la pression d'un collectif de 50 associations de défense de la démocratie et de lutte contre la désinformation, qui les appelle à menacer Elon Musk de stopper leurs campagnes de publicité si celui-ci mettait en place son projet « visant à saper la sécurité de la marque et les standards de la communauté, dont la liquidation de la modération de contenus. »

Pour ne rien arranger, la décision du dirigeant de refondre Twitter Blue, le dispositif de certification de compte, a semé le chaos. Jusque-là réservée aux personnes publiques, la coche bleue signalant un compte certifié est devenue accessible à tous moyennant un simple abonnement à 8€.

Résultats, les faux comptes certifiés de personnalités, dont Elon Musk, ou de sociétés se sont multipliés, forçant le dirigeant à suspendre en catastrophe ce nouveau service d'abonnement.

L'action du laboratoire pharmaceutique Eli Lilly a notamment perdu 20 Md€ suite à une fausse information diffusée par un faux compte certifié de la société.

En dépit des incertitudes et de cette situation chaotique, les investisseurs ne semblent pas, eux, très effrayés. L'action de Twitter s'est ainsi beaucoup mieux comportée que celles de ses homologues. A 53 $, elle vaut encore 60 % de plus qu'en 2020, où elle cotait 33 $.

Pas mal, pour une société en perte et que son nouveau patron vient d'endetter à hauteur de 13 Md$ pour financer son rachat.

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